106 millions d'électeurs russes vont se presser, dimanche, pour élire leur président. Une élection sur fond de violence terroriste, d'attentats dans le métro, de meurtres de magistrats municipaux, d'intimidations, de rumeurs et de craintes. Boris Eltsine affrontera neuf adversaires, parmi lesquels Guennadi Ziouganov, le communiste, son concurrent le plus sérieux. Certes, Boris Eltsine est en tête dans les sondages, au point même qu'il aurait demandé à son équipe de ne pas préparer le deuxième tour. Eltsine est non seulement sûr de sa victoire, mais surtout "pas prêt à accepter la défaite". Le président sortant va jusqu'à brandir le spectre de la guerre civile s'il venait à perdre dimanche. Il se définit, en effet, comme seul garant de la paix.
La réalité sera certainement celle d'un second tour qui verra un duel Eltsine/Ziouganov. Une bataille entre Russie de demain et Russie d'hier. Un choix entre un retour à l'état ultra-protecteur et étouffant, ou un pas vers l'avenir très incertain d'une Russie qui découvre les lois du marché dans leurs expressions les plus brutales. Un outsider aura une importance non négligeable : l'ultra-nationaliste Jirinovski dont les thèses radicales effraient autant le reste du monde qu'elles séduisent les plus égarés des russes.
Les quelques 90 000 bureaux de vote russes seront sous haute surveillance dimanche. Des urnes qu'elles renferment sortiront en effet la clé de l'avenir de la Russie. Un avenir que tous les démocrates russes, sincères, auront à coeur de ne pas faire passer par le chemin d'un affrontement fratricide. Seront-ils assez nombreux ?